Alphabets

Je chante un rêve que je fis peut-être,
Alors enfant, ou parfois moins,
Quand au loin surgit une île impérative.
Faut-il vraiment brader le rêve
Sur les rives d'un abject étonnement ?
Je me perds et m'empêtre
A la fenêtre où se mêlent mes chants.
Quelques suaves odeurs emplissent mon esprit
Qui se complaît aux charmes
De femmes voluptueusement fauves
Dont le duvet de douceurs
Sous l'alcôve enrobe de bienfaits
Et sait jusqu'à l'exquis,
Le simple habit qui tendre les dévêt.
Leur gentil jeu, pudeur et nonchalance,
Compose les empires
D'un bref sourire et se dérobe à quelque lèvre
Où sourd leur fin cheveu
De lait de chèvre aux champêtres contours
Bercé par leur cadence,
Je m'avance en esclave au creux de leur amour.
Je me mêle à la couche et leur peau faite d'or
Se confond à la mienne,
Et l'obsidienne de leurs yeux noie les miens
Dans l'abîme qui les touche,
De leur sein parcouru jusqu'à la cime
Tandis qu’est rendu mort
Un doux trésor que d'aucuns nomment crime.