Oh !

Oh ! Comme les vierges de l'aube
aux bouches fleuries d'ailes
brisaient le seuil des portes !
Oh ! Comme le parapet vermeil de l'horizon
rêvait d'une vallée impossible
aux bords de matins mouillés d'or !
Oh ! Comme la feuillée des saules
s'emplissait d'une poussière d'oiseaux
dans l'haleine rose de la brise !
Oh ! Comme les pierres de la solitude
constellant les sentiers capitaux
palpitaient sous la cavalcade de l'enfance !
Oh ! Comme les femmes aux corps de lumière
se dressaient au-dessus des herbes :
formes et bouches construisant le présent !
Oh ! Comme le compas de l'amour
sur l'épure capricieuse du désir
chantait ses géométries de sang et d'or !
Oh ! Comme à la cime d'un ciel léger
s'enroulait la vigne tendre de la vie
en mille grappes de passion et d'ivresse !
Oh ! Comme l'heure à l'oreille du cœur
sonnait comme un essaim d'horloges
à jamais dans la ruche du temps !