Nous  citions, dans  un  précédent  éditorial,   la phrase célèbre  inscrite  sur  le  Temple  de  Delphes  « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les Dieux ». Cette sage pensée ne saurait laisser indifférents les poètes en quête d'harmonie et de beauté, car elle contient l'une des clés menant à ce paradis si convoité, censé fournir un permanent bonheur.

Or, nous l'avons tous compris au fil de l'expérience, ce bonheur-là n'est affaire que de croyance, car le bonheur permanent reste inaccessible à l'homme dans le court laps de temps que dure sa vie charnelle sur terre.

En revanche, il est un moyen d'en goûter les parfums par les jeux de l'esprit qui nous en approchent au plus près, dans les élans du cœur et du rêve, où nous exerçons nos talents d'aimer, d'admirer et de passer à l'action.

Pour les poètes, l'action de créer peut même conduire à cet état très particulier et bienfaisant que seuls produisent les arts en train de s'accomplir.

De là naît en eux une volonté sous-jacente de construire une œuvre la mieux élaborée possible... celle qu'un certain entourage, voire un public tout entier, pourront recevoir comme un cadeau bénéfique. Cette notion du partage des émotions du poète emplit celui-ci de joie, car il se sent alors devenir le maillon actif de la grande chaîne de notre humanité.  

Cette volonté des poètes de cheminer sur la voie d'un hypothétique bonheur collectif, la SAPF s'emploie à la soutenir, en aidant ces messagers éclaireurs à se réunir et à publier ensemble le meilleur de leurs œuvres, pour contribuer à un élan commun de refondation de bases culturelles solides.

En permettant aux poètes d'horizons parfois lointains de regrouper leurs énergies, en favorisant l'émergence d'une œuvre remarquable au sein d'une association qui développe l'idée d'une même volonté d'entraîner leurs semblables sur des voies élevées de l'esprit, nous avons le sentiment d'agir dans le bon sens.

Reste que les poètes doivent apprendre encore à s'entendre et à se lire pour mélanger et enrichir leurs sources les plus diverses, afin de réveiller les esprits d'une société qui, pour une part, reste en proie aux plus grands doutes.