(suite...)
là
homme
virilité débroussaillée par les ondoiements du temps
une liberté de penser le monde
les questions fusent sur l'art
les gens aiment
le prestige de la différence
on ne sait qui l'emportera aujourd'hui
et demain sur un coup du sort à un pied gagnant
on parle de l'Angleterre dynamique
de l'Allemagne à la traîne un penalty perdu pour la Suède
le juste et injuste déroulement des activités
on ne réagit pas on ne fait rien
c'est la loi réaliste du cours des événements qui se produisent
en lorgnant sur les traces de caoutchouc brûlé
sur la route grise sombre et dure
tombeau rigide et figé des animalcules
je déchiffre les vrilles flottantes des cheveux
ça me parle aussi fortement qu'un chiffon mouillé
déballé sur le bord d'une fenêtre
je renifle ce rapport indécis des sens
qui se distille dans la contradiction
de ce que je veux et de ce que je pense
l'issue d'un débat sans fin sur l'entropie d'un score
c'est du feu dans la voix
du raclement dans les soupirs
du plaisir dans la gorge
la chaleur a des déploiements d'azur
une envergure qui encadre les croyances
Le Maroc l'Iran
jusqu'à la dernière seconde
des pleurs des pleurs des pleurs
pour étancher
la soif de reconnaissance de toute une nation
Taremi rasant le goût le la victoire sur les filets du but
voici l'Afrique noire
le Nigéria et le Sénégal
les orteils labiles
Musa le Ronaldo du continent d'origine
la France nourrit sa course
de contrôle et d'illusion
il faut que ça passe
les regards forment l'ombre d'un étau sur Mbappé
je ne vois pas de début ni de fin
à cette euphorie dramatique
l'autan a plus de saveur que de sécheresse
c'est la belle saison
blanche à l'instar d'une nappe fleurie
et les femmes s'expriment
ce sont des pépiements de dentelles et de frisottis
qui font découvrir la couleur de leurs iris
et la générosité de leur corsage
on leur arrache des rires nerveux
qui gambadent docilement sur une tranche de soleil
détachant chaque pétale des pâquerettes
un jeu d'écoute et d'offre au désir
l'écarlate joue écartant les rayons sur leur front éclatant
c'est sauvage et rustique dans cet espace organisé
dont le renouvellement de l'aspect s'impose
une main dans la main chaotique
pour revoir et fonder notre vision
à partir de nouveaux yeux
le ballon court et saute
il est au centre de toutes les têtes
de tous les aiguillages de la pensée
l'eau goutte et coule et goutte et coule
sur les peaux et les lèvres
France-Argentine c'est symbolique
poussif sur les élans
clôturé sur les appels
Brésil-Mexique la surprise sans surprise
il fait si chaud
il n'y a presque personne sur la route
les nuages même flottent
raz-de-marée de flocons blancs
le frémissement des houppiers
me rappelle la fragilité des mains
d'une femme au labeur
déplacement de meubles aujourd'hui
dans la campagne noire de profondeur
malgré l'écran de soleil qui fait apparaître
les taches de rosée sur le pare-brise
j'ai arrêté de compter
les becs pliés contre le capot
et les coups de rêve contre le rétroviseur
la vitesse c'est le choc
la folie qui nous conduit
éveillés que nous sommes
coiffés par un gel lâche
que caresse bientôt la main du Temps
mon majeur est bosselé
d'avoir trop écrit
le corps traversé par l'anxiété
d'être et d'avoir créé
parce que ça tourne
le vent l'heure le foot
l'histoire de moi
entre deux passements de vers
Les uruguayens l'Argentine la chute les larmes
le tangage des volontés
le précipice du Brésil le sens du devoir japonais
je m'essuie le front régulièrement
le Portugal et l'Espagne ne verront pas la gloire
la superficialité des engouements dans l'équipe d'un jour
la force d'une nation le but c'est la liberté tout court
c'est fragile c'est succinct rude un véritable magnum de champagne
la froideur du visage
je me retrouve l'esprit entre quatre yeux
enflammés et somnolents
je redoute la moralité et ses grands airs d'embonpoint
je me balade dans la campagne
une lame de tiédeur passe sous les pans de ma chemise légère
paysage sinople – un terrain de foot en devenir
on papote on délibère un vide entre le tissu moite et l'aisselle humide
pour se sentir maître et soi
Cavani Neymar Ronaldo il n'y a pas de miracle
l'équilibre d'un système la clef de la viabilité d'une équipe
ce sont des trouées des espaces des percées
ça se trouve dans la boîte à "contre"
la France et la Belgique avant le choc attendu
un entrechoc de jambes de souffle et d'os
je vois le chagrin et la pauvreté des peuples d'Amérique
la Russie fut un challenger de premier ordre
je peux apprécier et avoir cette distance ordonnée face à l'extérieur
les drapeaux bleu blanc rouge se balancent dans les faubourgs
on dirait les manches de bras féminins voluptueuses et coupables
les escarcelles tremblotant à l'ombre de la Galerie des Mathurins
qui contiennent la contradiction de la création et de l'Origine
le calicot en triptyque s'invite à la fête criarde du paysage en couleurs
Orbec et Broglie
je parcours la capitale du Pays d'Auge cette fois-là
avec ses ornements tristement neufs
j'ai une petite soif de Liège et de Bruxelles
d'inconnu et d'architecture
où faire pleuvoir
ma vision brûlante de l'art
dans toute sa rigueur illégitime
un rassemblement des "Tout"
où commencerait le regard et s'achèverait le préjugé
pour faire sortir un peu plus de sa source
l'histoire du silence
le corps suffoque
doute intérieur
la langue se retourne
manivelle d'une machine à dire
– agitation appréhensible
je ressemble à un flipper bariolé de "bip"
il fait beau
pourtant c'est laid d'un excès de lumière
lait mélangé avec le sang qui court
il n'y a pas de variation ni jeu d'ombres
qui nous couperaient la respiration
par la particularité intense de l'événement
car la Nature est artiste
elle nous peint un portrait céleste
une représentation de la mouvance terrienne
et contrairement à ce que prétend un poète
son originalité est toujours exacte
c'est un fait la condition funeste de l'Homme
l'amour et le rejet
l'égoïsme et le don
l'apprentissage d'être devenir
ce qui nous tend et distend d'un vide à l'ouverture au
pour refonder l'ego dans la culture des autres "moi"
le décor relate notre regard en situation
il faut penser à ceux-là
les absents les inexistants les non-visibles
que l'horizon nous illustre chaque soir
France Belgique Croatie Angleterre
nous voici dans le carré de soleil
l'azur plus bleu que bleu la chaleur plus trouble que trouble
entre accès de vitesse et d'inspiration
la Belgique de Bruyne ne fait pas dans le Hazard
puis excès de comédie c'est bientôt prêt
le sifflet est une nuit coupée court sur le terrain de jeu
qu'est-ce que j'y gagne qu'est-ce que j'y perds
au bord de l'eau
sous le Pont de Calix à Caen en pleine Normandie
humant les exhalaisons de l'humus et des pelouses émondées
les émanations des fleurs d'Été
j'essaie de reconnaître la nomenclature
des arbres et des plantes à chlorophylle
de placer mon tableau de Linné incomplet dans le paysage
depuis ma mémoire inconstante infidèle
un ballon dans les filets
ça creuse l'estomac ça renoue la gorge
est-ce que ça vaut la peine d'être heureux vraiment
est-ce que ça mérite d'être vivant
quand je vois le corps d'une femme
qui sourit rougit aiguise les limbes de la prunelle
cisèle le plaisir de l'observation
il n'y a vraiment que ça le flirt du corps avec l'esprit
l'accompagnement des yeux
un langage où l'interprétation est fondue dans l'Éternel
une force d'affirmation si bien pensée qu'elle ne s'exprime pas
j'apprends juste à comprendre l'importance d'un bijou
pour une femme et l'emprise de l'Homme sur l'Espace
le sport enchaînement du "rythme" et de la "passion"
passe-crochet-petit pont-talonnade – le pied magique
il suffit de croire après le quatorze Juillet
- l'air se respire avidement et les vacances sentent la mer -
que la joie aura gagné un cran de superficialité
on se rappelle
l'exploit de Pavard en boucle boule tournoyante
les records de buts de Kane en pointe
la société ne fait plus l'amour par plaisir mais par raison ou habitus
le pari de la finale quatre à deux du salut
quatre à deux en contre-attaque
c'est rapide et cher payé face à la Croatie combattive
le combat ne fait pas la victoire toujours
les cris et les clameurs jaillissent de la campagne au loin
Kanté Pogba Giroud Griezmann devant la bande à Modrić
malgré le but de Mandžukić l'égarement de Lloris
le ciel est tranquille bordant les bocages verts et jaunes
une coupe du monde ça n'est pas rien
j'éprouve l'enthousiasme populaire
ça vous prend
ça ne se justifie pas
c'est la raison même du bonheur
qui dépasse l'univers du football
car le rire est gardien présent
de la paix sur Terre